Aujourd’hui je vous propose d’aborder un thème un peu
différent des sujets habituels.
Notre hobby de la figurine est généralement présenté en deux
divisions, « l’historique » et « le fantastique ». Cette
division vient des origines différentes des pièces. La première est l’héritière
des soldats de plomb, démocratisés à l’époque napoléonienne. L’autre vient des
plus récents jeux de plateaux.
De nombreuses marques ont aujourd’hui pris leurs distances
avec ces origines, et proposent des pièces adaptées aux peintres actuels, et à
leur niveau d’exigence. Ainsi sont apparus des bustes fantastiques et des
pièces historiques balayant un spectre d’époques plus large.
Cependant, le clivage entre les genres, qui semble
infranchissable, les habitudes des figurinistes, tendent à pousser les pièces
vers toujours plus de précision technique, mais finalement peu de diversité.
Avec un peu de recul, les tables de concours historiques peuvent ainsi
surprendre.
Les tables de
concours historiques
Analysons ensemble les displays historiques :
-figurines napoléoniennes
-figurines médiévales
-figurines WWI et WWII
-militaires divers
-civils : minoritaires
Qu’en conclue-t-on ? L’immense majorité des thèmes
abordés sont militaires. Ce domaine est d’ailleurs encadré par la pratique de
l’uniformologie, règle vertueuse imposant de respecter le plus fidèlement
possible les habits portés par les soldats. Le revers de cette pratique est
qu’il donne l’impression que l’Histoire ne peut se démarquer de la guerre. Or,
si les guerres, par leur caractère ponctuel, décisif et meurtrier marquent
l’histoire et les esprits, peut-on vraiment limiter l’avancée des peuples à
leur énumération ? Empruntons ici une formule à Tolstoï :
« la guerre commença, c’est-à-dire que s’accomplit un évènement contraire à la raison et à toute la nature humaine ».
Il apparaît que la situation de guerre, de par son côté exceptionnel, places les gens dans un état d’esprit exceptionnelle et des vêtements exceptionnels. Les victoires et les défaites sont floues, variant au gré des historiens. Pire ! aucune individualité ne peut se résumer à une fonte dans la masse de son régiment. Un homme peint en uniforme est donc figé dans un instant non représentatif de sa vie. C’est d’autant plus vrai si son costume n’est pas représenté usé par la campagne.
« la guerre commença, c’est-à-dire que s’accomplit un évènement contraire à la raison et à toute la nature humaine ».
Il apparaît que la situation de guerre, de par son côté exceptionnel, places les gens dans un état d’esprit exceptionnelle et des vêtements exceptionnels. Les victoires et les défaites sont floues, variant au gré des historiens. Pire ! aucune individualité ne peut se résumer à une fonte dans la masse de son régiment. Un homme peint en uniforme est donc figé dans un instant non représentatif de sa vie. C’est d’autant plus vrai si son costume n’est pas représenté usé par la campagne.
Il y en a beaucoup, là, non?
Mais que font les
gens ?
Faisons maintenant l’analyse inverse. Dans une population
prise au hasard, à une époque au hasard, comment se répartit la société ?
-50% de femmes
-de 10 à 30% d’enfants
-quelques anciens
-une majorité de paysans, de commerçants et d’ouvriers
-une minorité de privilégié
Que font ces gens de leur journée ? La plupart du temps
ils travaillent, dorment, se nourrissent, communiquent. Parfois ils se battent,
meurent ou ont une étincelle de génie.
Si nous admettons que l’Histoire est le souvenir de l’humanité,
à la fois somme des individualités et évènements qui la transcendent, il faut
donc considérer que chaque vie est égale. Comme le fameux battement de
papillon, qui saurait dire ce que serait l’Histoire retranchée du moindre de
ses maillons ? Pas de Elmut Hitler, paysan, en 1700 et pas d’Hitler, pas
d’uniformes, de Spitfire ni de débarquement en Normandie. Elmut a plus
d’importance historique que le général Leclerc paradant à Paris en 1944.
Réinventons nos
sujets
D’autres formes d’expression artistiques, je pense à la
peinture, la sculpture, la photographie, ont peu à peu délaissé les thématiques
militaires, fortement présentes à leurs origines, pour se rapprocher de thèmes
du quotidien. David a laissé place à VanGogh. L’immortalisation des soldats de
la Civil War a laissé place à Doisneau. En laissant de côté les thèmes
militaires, les artistes ont par la même occasion été libérés des règles trop
rigides et ont laissé place à l’expression, à la vérité de l’instant.
Une scène de vie en 1945. En figurine cette mise en scène serait totalement inédite!
Des gens simples, au repos. Peut-être l'image la plus représentative de l'humanité?
Des artistes de notre petit milieu ont déjà exploré ces
territoires, que je séparerai des « l’historique « et du
« fantastique ». On parlera plutôt de « figurine
contemporaine », pour laquelle l’expressivité, l’incarnation des
personnages prendront le pas sur tout le reste. Les tables de concours seront
plus variées, plus féminines et plus surprenantes. Je ne peux qu’encourager les
fabricants de figurine, support de notre domaine à mettre également le pied sur
ces territoires et aux figurinistes à en débattre.
Ci-dessous quelques exemples de figurines non militaires:
Ci-dessous quelques exemples de figurines non militaires:
Par Olivier Raoul, une scène rurale aux USA. La caricature rejoint la critique sociale.
Par JP.Dana, une scène de vie sans fioriture, où l'émotion s'exprime.
Par Sergio Calvo
Par Arsies